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mercredi 30 décembre 2009

Diaporama Marche pour Gaza


source : http://degrenobleagaza.over-blog.com/

Pour Gaza: les marcheurs refusent la division

NON LES MARCHEURS NON PAS ACCEPTE L'OFFRE DES AUTORITES EGYPTIENNES

Un communiqué AFP ce matin annonçait qu'une délégation de 100 personnes seraient autorisées par l'Egypte à entrer dans Gaza. Une offre qui n'a pas été approuvée par les Marcheurs de la Liberté pour Gaza, tel que nous le rapporte ce communiqué du groupe français aujourd'hui.

Le Caire, 30 décembre 2009
Très tôt ce matin, la rumeur a commencé à circuler de duvet en duvet selon laquelle 100 personnes de la Gaza Freedom March allaient embarquer dans un bus en direction de Rafah, après en avoir reçu l'autorisation de la part des autorités égyptiennes. L'étonnement était d'autant plus grand que personne ici n'était au courant du deal en question.
Dans la matinée, lors d'une réunion collective de notre groupe, nous avons appris que les autorités égyptiennes avaient fait cette proposition hier soir aux coordinateurs de l'ONG CodePink, à l'origine de l'initiative de la Marche pour Gaza. Ils disposaient d'un temps minime pour contacter les coordinateurs de toutes les autres délégations internationales représentant la Marche et présentes au Caire, censées donner leur réponse quasi immédiatement. Notre groupe de 300 français se voyait généreusement offrir une place dans les bus (logique vu notre faible cote de popularité auprès des autorités égyptiennes). Quant à la délégation des 100 personnes retenues, elle devait renoncer à son nom de Gaza Freedom pour "CodePink".
Les délégations ont immédiatement répondu négativement à cette offre visant à diviser les Marcheurs et à permettre à Moubarak et son gouvernement de sauver la face en proclamant que participants à la Marche avait obtenu gain de cause ! Les responsables de la Marche vivant sur place à Gaza ont d'ailleurs demandé aux marcheurs de ne pas céder à cette offre, n'ayant que faire d'une énième délégation venant leur rendre visite. L'objectif de la Gaza Freedom March est de demander la levée du blocus imposé aux habitants de Gaza, pas de permettre au gouvernement égyptien de laisser croire à sa "générosité" en autorisant une pincée de Marcheurs à se rendre sur place.
Au petit matin, une quarantaine d'Américains mécontents de la décision prise par leurs coordinateurs sont montés à bord des bus en partance pour décourager les personnes retenues de partir. Sur 100 personnes, 60 environ ont entendu leurs arguments et décidé de descendre du bus.
Au final, un bus est parti avec une quarantaine de personnes mais à titre individuel. En effet, l'ONG CodePink a présenté ses excuseS ce matin aux autres délégations internationales, estimant qu'elle avait fait une erreur en acceptant cette offre dans la précipitation. Un de ses représentants a pris la parole lors de notre réunion de ce matin pour nous annoncer que Codepink avait rejeté l'offre et restait soudée à l'ensemble des participants à la Marche.
Alors que les espoirs d'entrer dans Gaza se sont envolés, vu le peu de temps restant aux Marcheurs, l'envie de poursuivre les actions jusqu'au dernier moment est intacte. Aujourd'hui, un drapeau palestinien a été déployé sur la grande Pyramide de Kheops, et une vingtaine de marcheurs ont couru un "mini marathon" dans les rues du Caire portant tous le T-shirt vert "Palestine Vaincra" (recto, "Boycott Israël" (verso).
D'autres actions sont prévues mais ne peuvent être annoncées à l'avance, afin de ne pas compromettre leur chance de réussite, les Marcheurs étant tous surveillés de près.
Par Leïla Shahshahani source : http://degrenobleagaza.over-blog.com/

"GAZA-STROPHE"



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"GAZA-STROPHE" SUR FRANCE TELEVISION


"GAZA-STROPHE" SUR FRANCE TELEVISION le 13 janvier 20h35

France 3 annonce la diffusion du film documentaire GAZA-STROPHE pour le mercredi à 15h15
voir aussi sur www.gaza-strophe.com

mardi 29 décembre 2009

Marche Gaza : H.Epstein grève de la faim au Caire

mardi 29 décembre 2009
Communiqué de l’AFP du 28 décembre 2009, à propos de la grève de la faim démarrée au Caire par Hedy Epstein et une centaine des marcheurs américains.
Une survivante de l’Holocauste organise une grève de la faim pour Gaza

Une survivante de l’Holocauste âgée de 85 ans se trouvait dans le groupe de grands-mères qui ont entamé une grève de la faim au Caire lundi dernier pour protester contre le refus de l’Egypte d’autoriser la marche en solidarité avec Gaza à se poursuivre.
Hedy Epstein, une militante américaine, et d’autres grands-mères qui participent à la Marche pour la Liberté de Gaza ont entamé une grève de la faim à 10h (GMT)
- « Je n’avais jamais fait ça avant, je ne sais pas comment mon corps va réagir, mais je le ferai quoiqu’il arrive » a déclaré Hedy Epstein à l’Afp, assise sur une chaise entourée de centaines de manifestants devant le bâtiment des Nations Unies au Caire.
Les autorités égyptiennes ont déclaré qu’elles ne permettraient à aucun des 1300 manifestants qui sont venus de 42 pays en Egypte, de participer à la marche pour entrer dans la Bande de Gaza par le poste-frontière de Rafah, la seule entrée qui contourne Israël.
Des hauts fonctionnaires et des unités anti-émeutes ont été déployés sur le bord du Nil où est installé le bâtiment des Nations Unies et où des centaines de participants à la Marche pour la Liberté de Gaza ont demandé aux Nations Unies d’exercer leur médiation avec le gouvernement égyptien pour laisser leur convoi entrer dans Gaza.
- « Nous avons rencontré le coordinateur fixe des Nations Unies au caire, James Rawley et nous attendons une réponse » a dit le sénateur des Philippines, Walder Bello aux manifestants.
« Nous attendrons aussi longtemps qu’il le faudra » a-t-il dit.
Les manifestants qui portaient le T-shirt « Audacity of War Crimes « (le cynisme des crimes de guerre ») et « nous ne resterons pas silencieux » brandissaient un drapeau palestinien géant, tandis que d’autres chantaient, dansaient et criaient « Liberté pour Gaza » dans toutes les langues.
« Ils veulent mettre l’Egypte en porte à faux »
De leur côté, les organisateurs d’un autre convoi d’aide qui essayaient d’atteindre la Bande de Gaza sous blocus « Viva Palestina » conduite par George Galloway , député européen, ont déclaré qu’ils se dirigeront vers la Syrie lundi en route pour l’Egypte après s’être retrouvés coincés à Aqaba, le port jordanien de la Mer Rouge, pendant cinq jours.
La Turquie a envoyé un représentant dimanche pour tenter de convaincre les égyptiens de permettre à Viva Palestina de passer par le port de Nuweiba, port de la mer Rouge, la route la plus directe, mais l’Egypte a fait pression pour que le convoi puisse au moins entrer par El-Arish, sur sa côté méditerranéenne.
La Marche pour la Liberté de Gaza et Viva Palestina devaient arriver un an après la guerre d’Israël contre le Hamas, qui a tué 1400 palestiniens. Treize israéliens ont aussi trouvé la mort.
En même temps, au moins 300 participants français à la Marche pour la Liberté de Gaza ont passé la nuit à camper devant leur ambassade du Caire, provoquant un arrêt important dans la capitale, tandis que la police anti-émeute et portant des écrans de protection en plexiglass les encerclaient.
Le ministre des affaires étrangères Hossam Zaki a accusé les manifestants français de mentir et de chercher à mettre l’Egypte dans l’embarras.
« Ils ont dit qu’ils avaient de l’aide à apporter aux palestiniens dans la Bade de Gaza, ce qui est un mensonge », a souligné l’agence de presse MENA dans la bouche de Zaki.
« Ils veulent l’exposition médiatique pour faire pression et embarrasser l’Egypte » a-t-il dit.
Les organisateurs ont dit que Dimanche, la police avait brièvement arrêté 38 participants internationaux à El-Arish, une ville du Sinaï.
« Dans l’après midi, (10h GMT) le 27 décembre, les forces égyptiennes de sécurité ont arrêté une trentaine de militants dans leur hôtel d’El-Arish tandis qu’ils se préparaient à partir pour Gaza et les ont mis en détention. Ces délégués faisant tous partie des 1300 personnes de la Marche pour la Liberté de Gaza, étaient des espagnols, des français, des anglais, des américains et des japonais, dit une déclaration sur le website de l’association.
« Un autre groupe de 8 personnes, comprenant des citoyens, américains, anglais, espagnols, japonais et grecs, a été arrêté à la station de bus d’El-Arish dans l’après midi du 27 décembre » ont-ils dit.
Dimanche, la police égyptienne a aussi empêché quelques 200 manifestants de louer des bateaux sur le Nil pour une procession en commémoration de ceux qui sont morts dans la guerre de Gaza.
Le 31 décembre les participants espèrent atteindre les palestiniens « dans un défilé non violent depuis le nord de Gaza jusqu’à la frontière israélienne d’Erez », ont déclaré les organisateurs.
AFP - 28 décembre 2009
Traduction Carole SANDREL


Gaza : Roger Waters - PINK FLOYD - Solidaire

mardi 29 décembre 2009
Message de solidarité de Roger Waters avec THE GAZA FREEDOM MARCH
Je m’appelle Roger Waters. Je suis un musicien anglais vivant aux Etats-Unis. Je vous écris pour exprimer mon immense admiration et ma solidarité avec les 1360 hommes et femmes de 42 pays différents qui se réunissent en Egypte pour préparer la Marche pour la Liberté de Gaza.
Tous, nous avons observé, atterrés, l’attaque vicieuse faite il y a un an contre le peuple de Gaza par les forces armées israéliennes et le siège continu et illégal. Les ravages contre la population en souffrance de Gaza par non seulement l’invasion mais le siège sont inimaginables pour nous qui sommes hors ces murs.
Le but de la Marche pour la Liberté est d’attirer l’attention du monde entier sur la situation critique du peuple palestinien de Gaza dans l’espoir que les écailles vont tomber des yeux de tous, gens ordinaires, gens honnêtes, du monde entier, pour qu’ils puissent voir l’énormité des crimes qui ont été commis, et réclament à leur gouvernements de faire toutes les pressions possibles pour qu’Israël lève le siège.
J’utilise le mot « crime » en connaissance de cause, car et le siège et l’invasion ont été déclarés illégaux par l’ensemble des Nations Unies et les associations des droits de l’homme les plus importantes.
Si nous n’observons pas tous la loi internationale, si certains gouvernements se croient au-dessus d’elle, on est à deux doigts de sombres pas vers la barbarie et l’anarchie.
La Marche pour la Liberté de Gaza est un signal pour tous ceux d’entre nous qui croient que sous la peau, nous sommes tous frères et sœurs, qui devons nous tenir épaule contre épaule, si nous sommes prêts à faire un futur où tous aurons recours à la loi et aux droits de l ‘homme universels. Là où la vie, la liberté et la quête du bonheur ne sont pas que les chasses gardées de quelques uns. Tout le pétrole du Proche Orient ne vaut pas la vie d’un seul enfant.
Aussi à ceux d’entre vous qui marchez, je tire mon chapeau. Ce que vous faites est courageux et noble et quand vous aurez atteint votre but, s’il vous plait dites à nos frères et à nos sœurs palestiniens que nous, d’ici, loin des Murs de leur Prison, nous sommes des centaines de milliers qui sommes solidaires d’eux. Aujourd’hui des centaines de milliers, demain des millions, bientôt des centaines de millions. Nous triompherons.
Roger Waters

Traduction Carole SANDREL


lundi 28 décembre 2009

Slavoj ZIZEK



Philosophe, marxiste, psychanalyste lacanien, Slavoj ZIZEK est reconnu comme l'un des plus grands penseurs de notre époque. De nationalité slovène, il parcourt le monde de séminaires en conférences et s'exprime en plusieurs langues. Sa bibliographie est impressionnante et sa démarche très éclectique : la modernité, la thélogie, la politique, la violence... figurent parmi tant d'autres. Une pensée et un discours sans cesse en mouvement: une idée en amenant une autre puis une autre qui entraîne son auditoire dans un tourbillon sidérant.
Les interviews filmées en français sont suffisamment rares pour ne pas les laisser passer. C'est pouquoi je vous propose ici - si ce n'est pas encore le cas - de faire sa connaissance :

Slavoj ZIZEK

Une lettre inédite de Freud...


"...sur le Sionisme et la question des Lieux Saints"
Une Lettre de FREUD à Chaim KOFLER, membre de la Fondation pour la résistance des juifs en Palestine ( Keren hayesod ) datée du 26 février 1930
par Elizabeth ROUDINESCO - Ed. érès.
Roudinesco
Dans ce texte, Élisabeth Roudinesco commente une lettre rédigée par Freud en 1930 et publiée ici en français et en allemand pour la première fois dans une traduction de Jacques Le Rider. Freud s’y exprime sur le sionisme et tout en manifestant sa solidarité envers ses frères juifs installés en Palestine, il émet de nombreuses réserves sur l’éventualité de la création d’un état juif dans cette région du monde...(lire la suite sur le lien '"Freud et la question du Sionisme")
FREUD et la question du Sionisme

Freud5

D'où vient l'inspiration d'Obama?


Près d’un an après l’arrivée au pouvoir de Barack Obama, les questions sur sa politique étrangère restent toujours sans réponse. Dans le New York Times , James Traub s’interroge sur les résultats de la stratégie de «l’engagement», un mot qui résume la volonté de parler avec les ennemis, en tous cas avec des pays ayant de fortes divergences avec les Etats-Unis. Au cours de ces derniers mois, le président américain s’est adressé tour à tour au monde musulman, aux Africains, aux Russes et aux Chinois. Les observateurs remarquent qu’il n’a pas prononcé de grand discours à l’usage des Israéliens et que c’est un manque alors qu’il avait fait du conflit du Proche-Orient une de ses priorités.
Les conservateurs reprochent à Obama d’être naïf, les libéraux de négliger la défense des droits de l’homme. Le président a précisé sa doctrine de politique étrangère dans le discours qu’il a prononcé le 10 décembre à Oslo en recevant le prix Nobel de la paix. C’est un texte qui pourrait être qualifié de «centriste». Obama n’est pas un gauchiste, comme l’en ont accusé ses adversaires pendant la campagne électorale et encore depuis un an. A première vue, son discours d’Oslo est propre à satisfaire tout le monde : les libéraux, par ses références au président Wilson et à Martin Luther King ; les néoconservateurs et les «faucons libéraux», héritiers des progressistes anticommunistes de la guerre froide, par son acceptation de la guerre comme moyen de la politique – en dernier recours ; les réalistes, par sa volonté de parler avec ceux avec qui l’on n’est pas d’accord.

Reinhold Neibuhr, le philosophe préféré d'Obama

Mais le véritable inspirateur de Barack Obama est le pasteur et politologue Reinhold Niebuhr (1892-1971) dont il avait dit au commentateur du New York Times, David Brooks, qu’il était «son philosophe préféré». Curieusement Niebuhr n’est jamais cité dans le discours d’Oslo mais il y est omniprésent. Pour ce penseur qui a inspiré des Américains opposés aux thèses de la droite chrétienne fondamentaliste, l’homme est une créature imparfaite dans un monde imparfait, mais il doit faire les efforts intellectuels et moraux pour aider à changer lui-même et le monde. Cette thèse dite du «réalisme chrétien» se retrouve chez Obama sous la forme de ce qu’un ancien conseiller de Bill Clinton à la Maison blanche, William Galston, appelle «le réalisme moral».
Dans son discours d’Oslo, le président américain reprend presque mot pour mot les phrases de Niebuhr : «Nous n’avons pas besoin de penser que la nature humaine est parfaite pour continuer à croire que la condition humaine peut être améliorée, a-t-il déclaré. Nous n’avons pas besoin de vivre dans un monde idéalisé pour aspirer à ces idéaux.»

«Dire que la guerre est parfois nécessaire n’est pas faire preuve de cynisme»

L’injustice doit être combattue même si elle ne peut pas être éliminée et pour ce faire, il convient de reconnaître à la fois le pouvoir de la non-violence et ses limites. Obama ne reprend pas totalement à son compte le concept de «guerre juste» mais il considère le recours à la force comme une possibilité et parfois même comme une nécessité morale. «Dire que la guerre est parfois nécessaire n’est pas faire preuve de cynisme, c’est la reconnaissance de l’histoire, des imperfections de l’homme et des limites de la raison», a-t-il déclaré, suivant encore en cela son maître Reinhold Niebuhr, qui dans les années 1930 était passé du pacifisme au soutien à la guerre contre le nazisme.
Dans ce contexte, il est intéressant de relire le discours que le tout jeune sénateur de l’Illinois, Barack Obama, avait prononcé le 2 octobre 2002 à Chicago, lors d’une manifestation contre une guerre en Irak. «Je ne suis pas opposé à la guerre en toutes circonstances, disait-il. Je suis contre les guerres stupides».C’est encore la position qu’il a défendue, en recevant son prix Nobel de la paix, pour justifier son engagement en Afghanistan. Ceux qui avaient décidé de lui décerner ce prix auraient sans doute aimé entendre une autre musique.
Daniel Vernet

dimanche 27 décembre 2009

Sujet au travail : le versant de la dépression

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Freud et la violence éducative

Fiche de lecture
Freud et le mouvement de Pédagogie psychanalytique

Psychanalyse et violence éducative

Par Olivier Maurel

Danielle Milhaud-Cappe, enseignante en philosophie morale et politique à l'Université de Paris 1-Tolbiac, a publié en 2007, aux éditions Vrin, un livre intéressant : Freud et le Mouvement de Pédagogie psychanalytique (1908-1937).

Ce livre permet notamment de faire le point sur l'attitude de Freud à l'égard de l'éducation, en particulier de la violence éducative, et de prendre connaissance du mouvement pédagogique qui s'était formé autour de sa pensée. Il permet aussi de voir les sources de l'attitude actuelle des psychanalystes à l'égard de la violence éducative.

Danielle Milhaud-Cappe est membre de l'Association Internationale d'Histoire de la Psychanalyse, mais n'est pas psychanalyste elle-même. Elle garde un certain esprit critique à l'égard de la pensée de Freud. Elle cite Alice Miller dans sa bibliographie et n'ignore pas la notion de « pédagogie noire ».
Position de Freud sur l'éducation

Danielle Milhaud-Cappe montre bien que l'éducation n'a jamais été au centre des préoccupations de Freud. Il n'a consacré à l'éducation « que quelques paragraphes de son oeuvre, et ses indications en la matière se présenteront toujours accompagnées d'un déni de paternité quant à la création elle-même » (p. 43). Comme elle le dit, « dans l'affaire de la pédagogie psychanalytique, [il] n'a pas eu l'initiative. La conséquence en est qu'il sera toujours, vis-à-vis de ces réalisations, dans une situation inconfortable. » (P. 39.) « Les positions de Freud sur les questions éducatives, comme sur bien d'autres, sont souvent fuyantes, affirmées puis récusées, et sans doute cette attitude est-elle chez lui parfois réfléchie, parfois plus inconsciente. » (P. 9.)

Freud lui-même l'a d'ailleurs reconnu dans sa préface au livre d'Auguste Aichhorn, Jeunesse à l'abandon : « Personnellement, je n'ai eu qu'une participation très modeste à cette application de la psychanalyse [à l'éducation]. Il y a très longtemps déjà, j'ai fait mien le mot plaisant qui veut qu'il y ait trois métiers impossibles : éduquer, guérir, gouverner. J'avais largement de quoi faire avec le second des trois. » (P. 52.)
Freud et la répression dans l'éducation

La conception que Freud se fait de l'éducation lui est dictée par ce qu'il pense des « pulsions » de l'enfant. « L'enfant doit apprendre à maîtriser ses pulsions. Lui donner la liberté de suivre, sans restriction, toutes ses impulsions, est impossible. Ce serait une expérience très instructive pour les psychologues, mais les parents n'y pourraient pas tenir et les enfants eux-mêmes subiraient de graves dommages. » (P. 62.)

Dans ses Nouvelles conférences (1933), « il souligne le double écueil du “Scylla du laisser-faire” et du “Charybde de la frustration” ». Pour lui, « l'impossible de l'éducation reçoit alors son véritable contenu de sens. Il naît de ces impératifs contradictoires : ne pas heurter de front la pulsion, et pourtant ne pas la laisser déborder. » (P. 61.)

On pourrait croire à une attitude équilibrée, mais, très souvent, Freud n'insiste que sur la répression : « Il faut donc que l'éducation inhibe, interdise, réprime... » (Nouvelles conférences, p. 199, éd. Gallimard, cité par D. M.-C.) Ce que reconnaît Danielle Milhaud-Cappe : « Le message freudien serait finalement de deux sortes : si l'éducation doit “chercher son chemin entre le Scylla du laisser-faire et le Charybde de la frustration”, c'est bien de ce second côté qu'elle risque de se trouver. » (P. 273.) Ainsi, dans une lettre à Pfister que ne cite pas Danielle Milhaud-Cappe, Freud écrit : « Il faut naturellement qu'il y ait une éducation ; elle doit même être sévère. » (25 juillet 1922.)

Ce qui n'a rien d'étonnant quand on connaît le fond de la pensée de Freud. Pour lui, contrairement à ce que prétendent nombre de psychanalystes, les deux pulsions fondamentales, instinct de vie et instinct de mort, Eros et Thanatos, ne s'équilibrent pas. « La disposition à la perversion est quelque chose de profond et de généralement humain. » (Trois essais sur la théorie de la sexualité, p. 87, cité par D. M.-C.) Mais, lorsqu'il s'exprime de façon plus spontanée dans sa correspondance, il va beaucoup plus loin dans le pessimisme sur la nature humaine, c'est-à-dire, ne l'oublions pas, sur la nature des enfants : « En moyenne je n'ai découvert que fort peu de bien chez les hommes. D'après ce que j'en sais, ils ne sont pour la plupart que de la racaille. » (9 octobre 1918.). Et Paul Roazen, l'historien de la psychanalyse, rappelle que Freud écrivait à Lou Andreas Salomé : « Au fond de mon coeur, je ne puis m'empêcher d'être convaincu que mes chers compagnons les hommes, à quelques rares exceptions près, ne valent rien. » Quand on est animé d'une telle conviction, on peut difficilement pencher, en matière d'éducation, pour une autre attitude que la sévérité et la répression.

Or, il est intéressant de voir que, s'ils se réclamaient de la psychanalyse et étaient parfois très proches de Freud, comme notamment Pfister, les pédagogues disciples de Freud, du moins ceux dont traite le livre de Danielle Milhaud-Cappe, ont pris de très sérieuses libertés avec cette doctrine, et souvent sur des points fondamentaux.
Le mouvement de Pédagogie psychanalytique

Ce mouvement s'est formé autour de trois pionniers : un éducateur de délinquants, Auguste Aichhorn (1878-1949), un instituteur, Hans Zulliger (1893-1965), et un pasteur, Oskar Pfister (1873-1956).

Aichhorn s'oppose à Freud sur un point essentiel, celui du passage du « principe de plaisir » au « principe de réalité ».

Pour Freud, l'enfant ne serait animé que par le premier, et seule l'éducation, dont on a vu qu'elle doit être frustrante et répressive, peut le faire accéder au principe de réalité. Or, Aichhorn affirme, lui, que « le passage d'un principe à l'autre est une aptitude naturelle, puisqu'aussi bien, sans adaptation à la réalité, aucun vivant ne saurait survivre ».

Pour Freud, l'homme est un être déterminé par sa nature « perverse » et toujours plus ou moins rebelle à la socialisation. Aichhorn pense, lui, que « l'homme est libre et naturellement enclin à se socialiser » (p. 97). Aichhorn « confère à l'enfant un élan vers la culture et le bien que l'on chercherait en vain dans les approches freudiennes de l'enfant. » (P. 98.) « C'est cet optimisme foncier concernant l'humaine nature, écrit Danielle Milhaud-Cappe, qui permet au rééducateur de réduire la méchanceté à une simple réactivité qui, plus tard, lui fait occulter la portée de l'hypothèse de la pulsion de mort concernant l'explication de la délinquance. » (P. 98.)

Rien à voir évidemment avec le pervers polymorphe décrit par Freud dans les Trois essais ou le jeune « loup » hobbesien auquel il se réfère dans Malaise dans la civilisation. (P. 98.)

Hans Zulliger (1893-1965) ne semble pas croire, lui non plus, à la « perversion polymorphe » des enfants. « Car, au fond, affirme-t-il, l'homme est bon. » (La Psychanalyse à l'école, p. 211, cité par D. M.-C.) Dans cette logique, il affirme que « notre éducation doit être confiante, stimulante, encourageante, joyeuse » (L'Angoisse de nos enfants, p. 172, cité par D. M.-C.). Et, pour guérir les enfants, il croit davantage aux vertus du jeu et à l'expression qu'elle permet, qu'à celles de l'interprétation analytique. Le jeu de l'enfant est, pour lui, une « dynamique de guérison » (p. 163).

Quant au pasteur Pfister, bien que très lié à Freud, par une véritable amitié apparemment réciproque, il se différencie de lui sur un point qui était pourtant fondamental pour Freud : la sexualité. Alors que Freud voyait dans la sexualité « la clef du problème des psychonévroses, ainsi que des névroses en général » (p. 215), Pfister renvoyait dos à dos les théories de Freud et celles d'Asler qui, lui, privilégiait les rapports de domination et le complexe d'infériorité.

Aucun des trois, enfin, ne mentionna « Thanatos », « l'autre pulsion », c'est-à-dire la pulsion de mort (p. 267).

Il est significatif (et, je crois, heureux pour leurs élèves !) que ces trois pédagogues, très attachés à la psychanalyse, mais confrontés aux réalités de la pédagogie et du contact avec les enfants, aient laissé de côté des pans entiers de cette théorie.

Si l'on songe que, comme le souligne Danielle Milhaud-Cappe, « les investigations freudiennes ne fournissent pas de voies d'accès directes à l'enfance ». Que la « voie » par laquelle Freud a cru accéder à la connaissance de l'enfance « est paradoxalement celle de la maladie adulte [...] à partir d'un postulat général : celui de l'existence d'un lien de causalité entre le vécu enfantin et les symptômes névrotiques » (p. 134), on comprend mieux que la connaissance qu'avait Freud de l'enfance était tout ce qu'il y a de plus biaisé.

Mais qu'en est-il maintenant du point de vue des pédagogues disciples de Freud et de celui de Freud lui-même sur les punitions corporelles et la violence éducative en général ?
La psychanalyse et la violence éducative

Freud s'est très rarement exprimé sur les punitions corporelles. Celle dont il a parlé le plus longuement (mais en quelques lignes seulement !), c'est la fessée. « Une des origines érogènes de la tendance passive à la cruauté (masochisme) est l'excitation douloureuse de la région fessière, phénomène bien connu depuis les Confessions de Jean-Jacques Rousseau. Les éducateurs en ont déduit avec raison que les châtiments corporels, qui sont généralement appliqués à cette partie du corps, doivent être évités chez tous les enfants qui, subissant les influences de la civilisation, courent le danger de développer leur libido dans des voies collatérales. » (Freud, Trois Essais sur la théorie de la sexualité, Gallimard, p. 90, cité par D. M.-C.).

Danielle Milhaud-Cappe note que « le thème de la violence éducative reste chez lui discret. Peter Gay déplore que Freud n'envisage pas le rôle pathogène de l'éducation paternelle, dans le cas pourtant flagrant du président Schreber. Hormis les méfaits d'une répression violente, Freud ignore les aspects les plus sombres du rapport pédagogique. » (P. 270.)

Pour elle, c'est donc « de manière seulement indirecte que la théorie freudienne a pu contribuer à la lutte contre le Child abuse et au développement des droits de l'enfant ». « La révélation de l'existence de pulsions chez l'enfant » aurait « conduit indirectement à des attitudes plus tolérantes. Les exigences relatives à la propreté se sont relâchées et les préjugés qui pesaient sur l'onanisme enfantin ont décru. On a mesuré les dégâts causés par des répressions injustifiées. » Selon le mot d'Anna Freud, il ne s'agit plus de « tirer les moineaux avec des canons ». Cependant, « on ne saurait aller jusqu'à faire de Freud le pionnier de ce combat » (p. 18).

Le livre de Zulliger, La psychanalyse à l'école, tient bien compte de l'emploi de la violence physique à l'égard des enfants. Il stigmatise la lâcheté des enseignants qui, devant le caractère indéfendable de leurs procédés, demandent caution à l'Etat : « [...] sentant combien est coupable l'usage que nous faisons de la férule, nous demandons aux lois scolaires de sanctionner les châtiments corporels. Ce serait un moyen de nous décharger sur l'Etat de notre responsabilité. » (P. 141.)

A travers des textes libres écrits par ses élèves de onze à treize ans, il dénonce aussi les effets de la violence éducative dans les familles :

« On me bat quand je fais une grosse bêtise. Alors je sens venir ça. J'en ai chaud. Je n'ai rien envie de faire. »

« En comptant les liens pour les gerbes, je fus battue parce que j'avais renversé la bouteille du petit déjeuner. J'ai pris une de ces colères... Que Dieu m'en garde ! Puis, continuant à compte, j'ai fait exprès de me tromper. »

« Quand le père rentre, je le regarde méchamment et au fond de moi-même, je le hais. »

« Je m'attardai dans le petit bois des mousses. Quand je rejoignis mon père, il avait fini de ramasser l'herbe. Il me donna une gifle qui me jeta dans le fossé. Quand je me relevai, j'en reçus une seconde. J'avais une grosse bosse à la tête. En dedans, je disais des gros mots à mon père et j'aurais voulu lui jeter une pierre. Mais je n'avais pas le droit de rien dire et je filai doux. »

Et il énumère ce que sont pour lui « les tristes et inévitables suites des châtiments corporels » : « Résistance passive, secrète ou déclarée, colère, fureur, haine, soif de vengeance, sadisme d'un côté, dissimulation, hypocrisie, attitudes sournoises et rampantes, peurs morbides, idées de mort et masochisme de l'autre. » (La psychanalyse à l'école, pp. 44-45, cité par D. M.-C.) Quand on lit cette liste établie par un homme qui, lui, connaissait les enfants, quand on sait que Freud a élaboré sa conception de la perversion fondamentale de la nature humaine sans tenir compte des effets de cette méthode d'éducation subie par la majorité des enfants, on ne peut que considérer avec le plus grand scepticisme sa vision de l'humanité. Et l'on a du mal à comprendre que cette conception soit encore celle des adeptes de la théorie des pulsions(1).

Terminons quand même sur une remarque de Freud que l'on peut approuver même si l'on ne partage pas sa vision des enfants : « Ne peut être éducateur que celui qui peut sentir de l'intérieur la vie psychique infantile, et nous adultes ne comprenons pas les enfants, parce que nous ne comprenons plus notre propre enfance. » (P. 27.)


Note 1 : Pour la critique de la « théorie des pulsions », voir en particulier Alice Miller, L'Enfant sous terreur. Un résumé de ce livre se trouve sur le site d'Alice Miller (voir aussi la critique en lien sur cette page). A propos du « complexe d'Oedipe » (l'autre dogme infaillible de la psychanalyse, avec la « pulsion de mort »), on peut également lire cet article édifiant. Il va sans dire qu'une telle vision de la « nature de l'enfant » (et donc de l'être humain) a des conséquences incalculables, non seulement sur la pratique psychanalytique elle-même, mais aussi, depuis près de cent ans, sur toute la culture et la société. (Note de C.B.)