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dimanche 31 janvier 2010

Non-violence en Palestine ?


                                                                               
Alors que l’on reparle d’un plan de paix américain, que Gilles Paris évoque sur son blog « Guerre ou paix » (« Un nouveau plan de paix américain ? », 4 janvier), les formes de lutte palestiniennes sont à nouveau en débat.
Une critique régulièrement adressée à la lutte palestinienne est le fait que son caractère violent lui aliène nombre de sympathies. ( Lire la suite

( Source Alain Gresh : le blog du Diplo - Directeur-adjoint au Monde diplomatique )

La force de la non-violence

Rencontre, hier soir ( 20/01/2010), dans les salons Albert Mollat, avec Alain Richard. Une soixantaine de personnes étaient là pour écouter cet apôtre de la non-violence répondre aux questions de Joël Aubert sur son livre Une vie dans le refus de la violence, entretiens avec Christophe Henning, chez Albin Michel. Pour ceux qui ne le savent pas, ce franciscain de 85 ans est à l'initiative, avec ses frères de Toulouse, des cercles de silence - ces manifestations qui ont lieu chaque mois, dans plus de 150 villes, pour dénoncer les centres de rétention administrative et la politique menée par l'actuel gouvernement en matière d'immigration - contestable, dit-il, et il se reprend : détestable ! -
(Lire le suite...)

samedi 30 janvier 2010

Conférences ACF Le traumatisme


Association de la cause freudienne  Champagne Artois Picardie    Ardenne
                                                                                                 
 11 bis avenue de Dublin - Tel: 03 22 46 34 34 


  CYCLE DE CONFÉRENCES 2010


MERCREDI 3 FÉVRIER à 21 Heures  
         
Bernard Lecoeur,  psychanalyste,  membre de l’Ecole de la Cause Freudienne.
                                                         

Le réel du traumatisme 

Le traumatisme, Freud l’isole en postulant l’existence d’une fixation de libido. Localisée sur un point du passé elle s’est produite lors d’une expérience vécue, en instance d’être subjectivée.

Un traumatisme, ça laisse des traces. Dans la trame des pensées d’abord, sous la forme d’un trou, le troumatisme. Dans le corps ensuite, par l’excès d’excitation que cela produit.

De là résulte un affect inassimilable, - effroi, angoisse -, qui accable le sujet.




MERCREDI 3 MARS à 21 Heures
            
Bertrand Lahutte, psychiatre au Val de Grâce, membre de l’Envers de Paris.                                     

A propos du traumatisme

L’époque dans laquelle nous nous trouvons est fertile en évènements dont  l’horreur nous renvoie à l’indicible et menace de nous plonger dans l’effroi : accidents, catastrophes, sans parler des conflits armés. S’agit-il, pour autant, de faire l’impasse sur les particularités de la rencontre traumatique ?C’est ce que nous nous proposons d’aborder, à partir d’un fragment de cas clinique.  Marc a fait cette « mauvaise rencontre », dans des circonstances de guerre, dont il garde la marque. Il nous présente cette morsure du traumatisme par une de ses manifestations les plus spectaculaires, le rêve traumatique, celui-là même qui interrogeait tant Freud : si le rêve répète ces horreurs comment peut-on continuer à dire qu’il réalise un désir ? Quelle serait alors la nature de ce désir ?


        124 RUE CAMILLE DESMOULINS  AMIENS
          (SALLE DES CONFÉRENCES DE LA MATERNITÉ UNIVERSITAIRE)
       Participation 6 euros   (étudiants 3 euros) - Renseignements : 03.22.89.69.10  
    Pour s'inscrire sur la liste de diffusion, envoyer un mail à  conferenceamiensacfcapa@yahoo.com

lundi 25 janvier 2010

L'assssinat manqué de la psychanalyse

Jacques Lacan à propos du racisme

Le psychanalyste Jacques Lacan répond à une question de Jacques-Alain Miller  sur le racisme :  " Je me demande, d'où vous vient l'assurance de prophétiser, comme vous l'avez fait naguère, que le racisme à bien de l'avenir.
Pourquoi diable, dites-vous cela? "

lundi 18 janvier 2010

Décès de Daniel Bensaid



15/01/2010



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L'Union Juive Française pour la Paix a appris avec une très grande tristesse le décès de notre camarade Daniel Bensaïd.
D'autres que nous diront l'importance de sa contribution en tant que militant politique, enseignant, philosophe.
L'UJFP, dont Daniel Bensaïd était membre depuis le début de la deuxième Intifada veut témoigner de l'importance de son apport à l'analyse de la « question juive », tant dans son autobiographie politique « Une lente Impatience » que dans sa réédition de « la question juive » de Karl Marx.
L'UJFP veut témoigner de son action pour une paix juste et durable au Proche Orient, notamment par sa contribution aux appels pour dénier le droit à l'Etat d'Israël et à ses défenseurs inconditionnels en France de parler et agir « en notre nom », et pour soutenir la lutte du peuple palestinien pour ses droits.
Militant internationaliste, il a accepté de porter avec nous sa judéïté pour servir la justice, et l'humanité de l'autre.
Sa générosité était aussi grande que sa pensée et sa modestie. Devant lui chacun se sentait important, pris en compte, écouté et respecté. Autant de qualités humaines rares et qui vont nous manquer.
Salut Daniel, ton combat, notre combat continue.
13 janvier 2010

A écouter en libre pendant une semaine
http://sites.radiofrance.fr/franceinter/em/labassijysuis/

LIEN : Hommage à Daniel Bensaid ( source Mediapart )

mercredi 13 janvier 2010

Nelson Mandela : homme de paix

« Nelson Mandela, un homme profondément humain »
Jack Lang, député du Pas-de-Calais, a écrit en 2005 un livre consacré à Nelson Mandela. Un « homme de paix » qu'il se plait à nous raconter à l'occasion de la sortie sur les écrans d'« Invictus ».

PROPOS RECUEILLIS

PAR BÉRANGÈRE BARRET

berangere.barret@nordeclair.fr

Pourquoi avoir écrit ce livre sur Nelson Mandela ?

La raison première est que je me suis engagé très tôt dans la lutte contre l'apartheid en Afrique du Sud, dans les années 75-80, à un moment où beaucoup de pays étaient assez indifférents à cette situation. Quand je suis devenu ministre de la Culture en 1981, j'ai apporté un soutien plus actif encore à des mouvements culturels sud-africains, à des journaux et puis surtout j'ai, avec d'autres, pris l'initiative d'un comité international de lutte contre l'apartheid. Quand Mandela a été libéré, après 26 ans d'enfermement, il a entrepris un voyage et Paris fut l'une des premières villes où il s'est rendu. J'ai eu la chance de le rencontrer pour la première fois ce jour-là. Je l'ai ensuite rencontré quatre fois.

Comment le décririez-vous ?

Il est profondément humain et d'une extrême intelligence. Mais ce qui impressionne au-delà de tout c'est son itinéraire. Cet homme qui, venant d'une famille plutôt « aristocratique », est parvenu à devenir avocat et s'est engagé petit à petit. Il n'est pas né libérateur d'Afrique du Sud : il a progressivement pris conscience, à travers les humiliations, à quel point la situation était inacceptable. C'était un homme de non-violence. Quand il a été arrêté et condamné à l'emprisonnement à perpétuité, c'est parce que l'ANC s'attaquait aux infrastructures. Il disait : « Jamais nous n'avons attaqué une personne. » Il a été son propre avocat lors du procès, et c'est encore grâce à son courage qu'il a échappé à la pendaison. Il a dit à ses juges : « Je suis prêt à mourir mais pas à renoncer à mon idéal qui est la réconciliation des Noirs et des Blancs. » Et puis cet homme, écrasé, a tenu à sa sortie du bagne un langage de réconciliation. « Je veux construire une nation arc-en-ciel », disait-il.

Comment analysez-vous ses années de pouvoir ?

Des années de paix, de réconciliation. Le pays a progressé économiquement, même s'il reste aujourd'hui de l'insécurité, de la pauvreté.

Nelson Mandela vous a-t-il influencé personnellement ?

 Dans mon panthéon personnel, j'ai eu la chance de le rencontrer, ainsi que d'autres personnages de cette envergure morale et intellectuelle : Vaclav Havel, Pierre Mendès-France... Ce sont des hommes d'État qui savent s'élever au-dessus de leur clan et qui osent adopter des positions courageuses qui font changer le monde.

Irez-vous voir le film « Invictus » ?

 Je l'ai déjà vu. C'est un bon film, haletant, poignant. Je souhaite que beaucoup de jeunes le voient. Cela peut aider à prendre conscience que la politique est aussi une grande chose, qu'elle peut être la réconciliation, le courage et pas nécessairement la bassesse ou la petitesse. (Source La voix du Nord)  

Sortie du film " Invictus ". Une coupe et la naissance d’une nationNelson Mandela croyait en sa cause et est parvenu à l’emporter. Clint Eastwood s’est retrouvé dans cette figure héroïque dont il pourrait être le double symbolique. 
Invictus, de Clint Eastwood. États-Unis. 2 h 12.
En 1994 en Afrique du Sud, l’heure est venue pour l’histoire de basculer. La majorité noire prend le pouvoir, mettant ainsi fin au sinistre régime de l’apartheid. Nelson Mandela, cinquante ans précisément après avoir rejoint les rangs du Congrès national africain (ANC), auréolé par les vingt-sept années de prison qui ne seront pas parvenues à l’abattre, leader incontestable et incontesté ayant pratiqué la non-violence avec une efficacité telle qu’elle lui a valu le prix Nobel de la paix l’année précédente, est élu président de la république d’Afrique du Sud. Le film le rappelle brièvement comme il y reviendra allusivement au fil des situations. Mais, pour l’essentiel, le film ne relève pas de la biographie, tant il se déroule sur une courte période, d’une part, tant il ignore les conseils des ministres, la situation économique et presque tous les aspects courants des responsabilités, d’autre part. 

l’emploi au mérite contre le clanisme 
Tirée du livre de John Carlin Déjouer l’ennemi, l’œuvre ne semble dans un premier temps n’avoir qu’un but : nous montrer comment une élection ne transforme pas tout dans l’instant. C’est ainsi que l’action se concentre sur la tête que fait la garde rapprochée noire de Mandela quand elle voit arriver en renfort les gros bras des services secrets blancs dont on ne jurerait pas de la sympathie spontanée pour le nouveau président. Mais c’est Mandela lui-même qui les a intronisés, quitte à avoir introduit des vipères en son sein. Ainsi prend-il le pari de la réconciliation en pratiquant l’emploi au mérite contre le clanisme et l’esprit de revanche. 
un Blanc pour partager ses vues 
Noble attitude qui va s’amplifier lors de la conduite à tenir face aux Springboks, l’équipe nationale de rugby, aussi blanche que honnie par les Noirs qui pratiquent le foot et soutiennent l’adversaire quel qu’il soit. De surcroît, les joueurs sont mauvais tant le boycott international de ceux-ci en rétorsion contre l’apartheid a porté ses fruits. Le peuple demande la tête de ces hommes, qu’on change le nom, les couleurs et les hymnes. Seul Mandela s’y opposera dans sa sagacité politique. Il sait que s’il commence à s’en prendre au sport des Blancs, la faillite de la démocratie et celle du développement ne sont pas loin. Il trouvera un Blanc pour partager ses vues, François Pienaar, le capitaine afrikaner de l’équipe.
Mandela a raison, Mandela a toujours raison. Cela pourra irriter ceux à qui le mot d’hagiographie donne des boutons. À ceux-là on répondra : regardez comment John Ford décrit Lincoln dans Young Mr. Lincoln. Ce n’est pas un hasard si l’hymne africain dont nous ne comprenons pas la langue dit « Dieu bénisse l’Afrique » comme, aux États-Unis, l’hymne dit « God bless America ». Si Clint Easwood s’est mêlé d’une page de l’histoire sud-africaine, c’est bien évidemment qu’il retrouvait en celui qui n’a jamais rompu au Cap ceux qui n’ont pas baissé les bras dans ses films passés une figure christique triomphante par la foi en la justesse de la cause. Si continuité thématique il y a, marque parmi d’autres du cinéma d’auteur, on trouve également ici une continuité esthétique, une foi là encore, dans le cinéma tel que le codifia Hollywood en sa période classique, plénitude du récit, apport de tous les techniciens, budget au niveau du sujet, direction consommée des acteurs (Morgan Freeman et Matt Damon). Le cinéma comme on ne peut que l’aimer. 
Jean Roy ( source l'humanité)





mardi 12 janvier 2010

Eloge de la désobéissance

Rony Brauman, Eyal Sivan, " Éloge de la désobéissance. À propos d'« un spécialiste » Adolf Eichmann

Paris, Éditions Le Pommier, 2006, 180 p.

Yves Chevalier
L'une des questions les plus lancinantes qui reviennent périodiquement à travers études et réflexions, est celle de savoir par quels mécanismes, quels enchainements de facteurs, des hommes (ou des femmes) ayant atteint un niveau normal d'éducation et que rien, apparemment, ne distinguait de leur voisins, ont pu prendre part, activement, à l'extermination de millions d'êtres humains ? Raul Hilbert a parlé d'une division du travail bureaucratique ; Stanley Milgram a expérimenté en laboratoire un dispositif de « soumission à l'autorité ». Surtout, lors du procès d'Adolf Eichmann qui s'est tenu à Jérusalem en 1961, Hannah Arendt a écrit, à partir de ce qui n'était à l'origine qu'un compte rendu du procès pour un quotidien américain, un ouvrage de réflexion sur « la banalité du mal » et l'engrenage des petites décisions.

Rony Brauman, président de Médecins sans frontières de 1982 à 1994, professeur associé à l'École des Sciences politiques de Paris, et Eyal Sivan, cinéaste, ont produit un film : « Un spécialiste » (dont le script est donné en seconde partie de cet ouvrage). Film documentaire, réalisé à partir des archives vidéo du procès d'Eichmann, qui cherche à poser le problème de la responsabilité face à un ordre injuste. Le découpage et le montage d'un tel film est déjà une prise de position ; dans la centaine de pages qu'ils proposent ici, les auteurs approfondissent leur réflexion. Ils ne se limitent pas au récit des difficultés qu'ils eurent à surmonter pour aboutir au film, ils expliquent aussi ce qu'ils ont voulu faire, les raisons de ce film et les principes qui les ont guidés dans leur choix. En cela, l'ouvrage – réédité ici en format de poche – n'est pas seulement un plaidoyer, mais une réflexion sur l'histoire et la manière de la transmettre.

Pour citer cette recension

Yves Chevalier, « Rony Brauman, Eyal Sivan, Éloge de la désobéissance. À propos d'« un spécialiste » Adolf Eichmann », Archives de sciences sociales des religions, 136 (2006) - Les Archives... cinquante ans après, [En ligne], mis en ligne le 12 février 2007. URL : http://assr.revues.org/index3877.html. Consulté le 12 janvier 2010.Source Yves Chevalier


Irak : des soldats disent non

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Soldat Américain prise de conscience à voir
envoyé par Alf-Red.
Des soldats américains dénoncent la guerre en Irak (vidéo st fr)
lundi 4 janvier 2010 -21:09


de nazairien

La prise de conscience grandit chez les soldats américains . Lors d’un récent colloque à l’initiative de "Vétérans contre la guerre en Irak", appelant la population à dire non à la guerre, c’est Mike Prysner,jeune vétéran d’Irak, qui c’est fait le porte parole de ces voix, qui disent "Non à la guerre" .

Dans son intervention, il dit avoir honte de ce qu’on l’a obligé à faire, il dénonce la guerre en Irak, mais au dela toutes les guerres , dont se rend coupable l’empire américain . Il dénonce également les instigateurs de ces guerres, au non d’intérets qui n’ont rien à voir avec le peuple américain .
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vendredi 8 janvier 2010

Un an après: le combat: de Helen Suzman


Témoin de l'édification de la ségrégation institutionnalisée, cette dame respectée par tous n'a jamais hésité à prendre la parole, dans son pays comme à l'étranger, pour dénoncer, au nom de ses idées libérales, les injustices. Ce combat lui a apporté quelques satisfactions mais, constate-t-elle aujourd'hui, "il y a encore une longue route à faire". Elle ajoute : "Le changement est inévitable mais cela prendra beaucoup plus de temps que les gens ne le croient." Un changement que le futur président, M. Frederik de Klerk, n'engagera que "jusqu'à un certain point".

En trente-six années de vie parlementaire, le député du Parti fédéral progressiste (PFP) s'est opposé à tous les chefs de gouvernement nationalistes, de Malan à Botha, sans jamais baisser les bras. John Vorster avait dit d'elle qu' "elle était pire que dix membres du United Party", la formation qu'elle a servie jusqu'en 1959 avant de participer à la création du PFP. Elle se souvient encore avec amusement d'un dessin humoristique représentant un cauchemar de Vorster : dix Helen Suzman tournaient au-dessus de sa tête...

Croisé des droits de l'homme, elle n'a cessé de harceler le pouvoir contre les emprisonnements arbitraires, les détentions sans jugement, les déplacements forcés de population, les lois draconiennes sur la sécurité, les restrictions sur les personnes. Elle intercède au nom des exclus, des bannis, des victimes de l'apartheid, au nom "des ennemis de l'Afrique du Sud", comme lui avait rétorqué John Vorster.

Le successeur de ce dernier, M. Pieter Botha, avait, en 1966, accusé Helen Suzman et "ses amis libéraux" d'être responsables de l'assassinat de Hendrik Verwoerd, premier ministre de l'époque et père du grand apartheid. Du bout des lèvres, l'actuel chef de l'Etat lui avait présenté, contraint et forcé, des excuses. Elle ne lui a jamais vraiment pardonné.

Pendant treize ans, de 1961 à 1974, elle fut l'unique représentante de l'opposition au Parlement, vigile solitaire face à ce qu'elle avait nommé, par un excès de langage qui ne lui est pas courant, "une foule sanguinaire". Souvent qualifiée de "poule caquetante" par M. Pieter Botha, M. Helen Suzman ne s'est jamais départie de son flegme. En riant, elle déclarait, en 1982, qu'avec un peu de chance elle tiendrait le coup plus longemps que le seul parlementaire qui ait siégé plus longtemps qu'elle, l'actuel président de la République.

En fin de compte, elle quitte la scène politique quelques mois avant lui. Helen Suzman s'en va sans regret avec le sentiment du devoir accompli. La classe politique a rendu hommage à cette conscience personnalisée, cette perturbatrice permanente d'un régime sûr de son bon droit. Le premier ministre britannique, Mme Margaret Thatcher, qui sait ce qu'est une femme de tête, a joint sa voix au concert de louanges, saluant "cet exemple de la lutte pour la justice et pour la paix"

Le mouvement vert et la violence en Iran


Dans une lettre très remarquée adressée aux iraniens de l’étranger, Ezatollah Sahabi, figure politique très importante de la mouvance nationale et religieuse, formule deux demandes qui, à ses yeux, sont à ce stade primordiales pour la réussite du mouvement vert:
  • Le mouvement vert doit tout faire pour éviter de basculer dans la violence car sinon il ferait le jeu du camp d’en face, lui donnant carte blanche pour frapper et réprimer encore plus fort et sortir au bout du compte vainqueur de ce jeu vicieux.
  • Le mouvement vert doit modérer ses demandes et ses revendications s’il veut obtenir des résultats dans la durée et de façon progressive. Sahabi demande par ailleurs d’éviter d’appeler ce mouvement une révolution et de faire un parallèle avec la révolution de 1979. Il pense que seul un mouvement de réforme progressif et installé dans la durée peut aboutir à des résultats concrets.
Il faut rappeler que cette lettre fait suite aux événements de la journée de l’Achoura pendant laquelle les manifestants ont riposté pour la première fois, en lançant des pierres et en encerclant les forces de l’ordre, en brûlant leurs voitures et les photos d’Ali Khamenei. Une controverse s’en est effectivement suivie, certains commentateurs qualifiant la riposte du peuple de violente. Ce jour là, au moins 8 manifestants étaient tués à Téhéran dont un écrasé de façon délibérée par une voiture de police (le vidéo a fait depuis le tour du monde) et le neveu de Mir Hossein Moussavi froidement et délibérément assassiné.

Ezatollah Sahabi soulève en effet deux points très importants et a le mérite de poser des questions quasi identitaires pour un jeune mouvement de libération qui va entrer dans son 8ème mois. Est-ce que riposter, comme l’ont fait les manifestants le jour de l’Achoura, est basculer dans la violence? Les manifestants agressés ont-il le droit de se défendre? Faut-il neutraliser et désarmer un basiji qui s’apprête à frapper ou à arrêter un manifestant? Il est vrai que certains agents des forces de l’ordre ont été frappés ou blessés par les jets de pierre. Mais il n’y a pas eu de lynchage. Au contraire, certaines photos (voir ci-dessous) montrent que les agents blessés étaient même protégés par certains manifestants (un agent blessé, à qui les manifestants ont donné une écharpe verte pour s’essuyer le visage en sang).

Cette vielle figure de l’opposition iranienne conseille aux verts de ne pas envenimer une situation déjà tendue, de ne pas mettre de l’huile sur le feu et surtout et de ne pas s’enfermer dans l’illusion d’un pays entré dans une phase révolutionnaire. Autrement formulée, cette demande revient à ne pas réclamer directement un changement de régime ou le départ de Khamenei.

Notre but n’est pas de répondre à ces questions découlant de la lettre de Sahabi mais de prolonger ce débat et de demander aux lecteurs de ces lignes de prendre part au débat en laissant des commentaires.

Un mouvement transformationnel, populaire et totalement spontané qui s’interroge, qui tâtonne, qui commet parfois des erreurs et qui est en permanence à la recherche de la bonne parade contre la tyrannie et contre l’expression la plus brutale et inhumaine de la violence est tout simplement un mouvement qui mûrit et qui fait preuve d’une vigueur intellectuelle saine et pleine de promesse.

Le texte de la lettre de Sahabi en Anglais et en Persan: lien

Lire aussi:
Le Monde du 28.12.09: Pouvoir et opposition se radicalisent en Iran

Photos montrant les manifestants protégeant des agents blessés

Désobéisseurs. : " Prendre l'opinion public à témoin " en Iran

Désobéisseurs.Jean-Marie Muller:«Prendre l’opinion à témoin»

Désobéisseurs. 6. Jean-Marie Muller : «Prendre l’opinion à témoin»
Désobéisseurs |sources :  Photo Vincent Kessler / Reuters / Paru dans Paris-Match

Voir le Blog ami: :  iranlibredemocratique.blogspot.com/2010/01/le-mouvement-vert-et-la-violence.html

Sommaire du dossier

1. En guerre contre les profiteurs, les pollueurs, les expulseurs
2. Le but : déclencher le rire, l’émotion, l’empathie
3. Pique-nique au supermarché
4. Les déboulonneurs contre le matraquage publicitaire
5. Devenir activiste en un week-end
6. Jean-Marie Muller : «Prendre l’opinion à témoin» www.Phytolabel.com

Philosophe et théoricien de la non-violence, Jean-Marie Muller analyse

les nouveaux phénomènes de désobéissance.















 Qu’est-ce que la “désobéissance civile ?”
Jean-Marie Muller. C’est une action collective, non violente, de citoyens et de citoyennes qui désobéissent aux lois en conscience. Ils récusent une loi injuste pour en obtenir une autre, juste. C’est donc une manière civilisée de désobéir, en prenant l’opinion publique à témoin, pour faire pression sur les représentants de l’Etat afin de modifier la loi. Celui qui emporte la bataille de l’opinion publique a gagné.
Pourquoi, jusqu’à aujourd’hui, ces actions étaient-elles si peu nombreuses en France ?
Nous avons une tradition très jacobine de l’Etat souverain. Pourtant, le citoyen est homme avant d’être sujet. Il doit pouvoir apprécier la loi à laquelle il obéit. Bien sûr, il peut se tromper. Mais il se trompe plus sûrement en obéissant aveuglément qu’en réfléchissant avec son libre-arbitre. Maurice Papon a été condamné pour avoir obéi aux lois de Vichy. Il y a donc une jurisprudence. On n’est pas sous Vichy, mais le principe demeure. Le citoyen est responsable de son obéissance aux lois. La démocratie est plus menacée par l’obéissance servile des citoyens que par la désobéissance civile. Il faut réhabiliter sa liberté.
Si chacun est libre d’obéir ou de désobéir, de choisir les lois qui lui conviennent, ne risque-t-on pas le chaos ?
Non. Le citoyen qui désobéit à la loi prend des risques. La désobéissance civile ne s’applique donc qu’à des choses graves. Elle doit rester une action claire, ponctuelle, par rapport à une loi précise avec un objectif limité et atteignable. La répression est un élément essentiel à la désobéissance, car la loi juste mérite obéissance. Celui qui y contrevient est un délinquant. Ce que ne sont pas les “désobéisseurs”. Ils commettent un délit juridique, pas moral. Les dissidents de l’ex-bloc soviétique étaient pour l’Occident des héros car ils désobéissaient à la loi totalitaire. Ce n’est pas comparable avec notre situation en France, mais, là encore, le principe demeure.
Comment expliquez-vous la multiplication actuelle de ces actions en France ?
Deux facteurs l’expliquent. D’abord, l’usure des partis politiques, des syndicats et des modes traditionnels de contestation – grèves, manifestations, pétitions... Après une grève d’une journée, rien ne change. On assiste aussi à une maturation de la démocratie citoyenne. Les citoyens s’aperçoivent qu’il ne suffit pas de voter tous les cinq ans, mais qu’entre deux passages dans l’isoloir ils ont le droit de prendre la parole, de juger les lois. Ce n’est pas parce que les lois sont faites pour la majorité qu’elles sont légitimes. Elles sont “légales”. C’est une grande différence.(JMM)


Point final