Pages

mercredi 10 février 2010

Iran: vers une révolution non-violente ?


Après la chute du Chah, une seconde révolution

 est-elle en gestation?

Delphine Minoui ( source LE TEMPS MONDE )

Mir Hossein Moussavi, leader de l’opposition iranienne. (Keystone)

Alors que la République islamique d’Iran souffle ses 31 bougies, une crise politique sans précédent traverse le pays depuis maintenant sept mois. Retour avec le sociologue Amir Nikpey sur ce «mouvement vert», né de la victoire contestée de Mahmoud Ahmadinejad
L’ Iranien Amir Nikpey, chercheur-enseignant à l’université Shahid Behechti de Téhéran, et co-auteur, avec Farhad Khosrokhavar, de «Avoir vingt ans au pays des ayatollahs» revient sur la détermination de l’opposition iranienne, alors que plusieurs manifestations de grande ampleur sont attendues demain, à l’occasion du 31e anniversaire de la République islamique.
Le Temps: 31 ans après la chute du Chah, une seconde révolution est-elle en gestation? 
Amir Nikpey: Le contexte est différent. La plupart des opposants d’aujourd’hui ne tiennent pas de discours révolutionnaires. Ils rejettent en bloc la violence. Leur mouvement est pacifique. Il est enraciné dans la société civile: les jeunes, les femmes, les minorités sociales et ethniques… A l’époque, les différents groupes politiques – des partisans de l’ayatollah Khomeiny aux fedayins de gauche en passant par les moudjahidin du peuple – étaient beaucoup plus radicaux. Certains étaient armés. Aujourd’hui, les revendications se basent sur des concepts de justice, d’égalité, de non-violence. Elles ne sont pas nouvelles mais l’élection de juin dernier, considérée comme frauduleuse, les a propulsé sur le devant de la scène. Pour l’heure, la très grande majorité des Iraniens de l’intérieur aspirent à des réformes, pas à un renversement du système.
– Avec le renforcement de la répression, on assiste pourtant à une radicalisation de l’opposition? 

- S’il vise à museler l’opposition, le recours à la force s’avère contre-productif. Ainsi, l’exécution récente de deux jeunes opposants n’a fait que galvaniser les protestataires, qui ont appelé à une importante mobilisation, ce 11 février. Lors des dernières grandes manifestations de l’Ashoura, le 27 décembre, un nouveau cap, il est vrai, a été franchi. L’usage de la brutalité par le pouvoir, et la mort de plusieurs manifestants, a poussé certains protestataires à basculer dans la violence. Non par choix, mais par réaction. Ainsi, c’est parce qu’ils ont été provoqués que des manifestants se sont mis à saccager des postes de police. Plus le pouvoir se durcira, plus le risque d’un embrasement est élevé.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire